COUP DE COEUR POUR PIERRE BLEUSE

Mon coup de cœur : Pierre BLEUSE. Il y avait longtemps que je n’avais pas eu les larmes aux yeux durant un concert. Ce fut le cas hier au soir, 10 décembre 2014, grâce à Pierre Bleuse et aux jeunes de l’orchestre symphonique du conservatoire de Toulouse, devenu « Orchestra Music Academy MusikA ».

En introduction, la fanfare de La Péri de Paul Dukas. Pierre avait disposé les cuivres sur le balcon au-dessus et derrière l’orchestre. L’exécution a été si parfaite que je me suis demandé s’il n’y avait pas des solistes de l’Orchestre du Capitole parmi ces cuivres rutilants.

Le Concerto pour piano et orchestre n° 2 de Serguey Rachmaninov nous a conquis. Bertrand Chamayou, devant son public, était impérial et je me disais que Rachmaninov devait jouer ainsi, avec ce mélange de puissance et de musicalité. Des applaudissements bien mérités. La dame complètement hystérique assise derrière moi devait être la maman de Bertrand ou une proche parente…

Venait ensuite la Symphonie n° 9, « du Nouveau Monde » d’Antonin Dvorak. J’avais à l’esprit les paroles de Pierre dans « L’oreille à la page » de mardi dernier : c’était hier au soir la première fois qu’il dirigeait cette œuvre. Et par cœur, s’il vous plaît ! Je n’avais encore jamais entendu cette symphonie donnée avec une telle dynamique ! Puissance et fougue n’ont pas éliminé, loin de là, musicalité, sensibilité et invitation à la rêverie lorsqu’il le fallait. Toutes et tous ces jeunes musicien(ne)s étaient hyper concentré(e)s, les yeux allant de la partition à Pierre. Il y a bien eu quelques petites imperfections dans certains départs, mais c’était juste ce qu’il fallait pour nous rappeler que nous écoutions une musique bien vivante. Quels talents ! Quel travail accompli sous la direction de Pierre ! Quelle émotion de voir et d’entendre ces jeunes musiciens !

Pierre Bleuse ! Pierre que je n’avais malheureusement pas eu la possibilité de venir voir lorsqu’il a dirigé l’Orchestre du Capitole. Quelle révélation ! Une précision extraordinaire. Pas un(e) instrumentiste n’est oublié(e) dans sa direction. Baguette, regard, bouche, main gauche, tout participe de la direction. Tantôt concentré, comme plongé tout entier dans le flot musical, tantôt extrêmement présent auprès des musiciens avec un large sourire ou les sourcils haussés ou froncés, toujours complice.

Pierre associe une profonde gentillesse à une grande exigence. Pour utiliser un poncif, il est « une main de fer dans un gant de velours ». Les jeunes instrumentistes en ont certainement bavé durant les répétitions, mais hier au soir le résultat, et quel résultat !, était là. Au terme du concert elles et ils étaient fier(e)s et ont manifesté leur reconnaissance et leur admiration pour leur chef. Lequel, bien qu’il puisse être très fier lui aussi, demeure totalement étranger à l’arrogance que certains manifesteraient à sa place. Il salue, simple, heureux, proche, complètement aimable au sens propre.

Pierre Bleuse est un mélange parfaitement réussi de ses parents. Disons-le sans ambiguïté : il est beau. Mais il l’est encore davantage lorsqu’il se donne à la musique et nous la donne, que ce soit au violon ou en tant que chef, car alors il est habité par la beauté de son art et l’irradie. C’est, à mon avis, la marque des vrais et grands artistes.

Bravo Pierre ! Merci Pierre pour ce concert qui m’a touché le cœur ! Je n’en doute pas : une belle carrière de chef d’orchestre t’est promise.