La Juive, de Scribe et Halevy, à Lyon : BRAVO !
Séjour à Lyon pour assister à « La juive » de Scribe et Halevy, à l’opéra (mais aussi pour retrouver de bons amis et ma très chère et belle ville de Lyon). « La juive », grand opéra à la française selon l’expression consacrée, est rarement monté car cet ouvrage exige une distribution de haut vol vocal. Tel est le cas à Lyon : Nikolai Schukoff incarne un Eléazar très présent vocalement et scéniquement ; Enea Scala en Leopold n’est pas en reste question brillance de ténor, malgré un début un peu difficile ; Sabina Puertolas se sort à merveille des passages pyrotechniques d’Eudoxie ; Roberto Scandiuzzi, en cardinal, nous laisse bouches bées avec la puissance et la profondeur de ses graves et seule Rachel Harnisch est un cran en-dessous de ses collègues pour sa Rachel. Les seconds rôles sont également excellents. Les chœurs méritent une mention spéciale. Tous, chœur et solistes, à l’exception de Rachel Harnisch, offrent une diction qui permet de tout comprendre sans l’aide des sous-titres. Je craignais une mise en scène provocatrice et décalée, mais Olivier Py a fait dans le signifiant, avec évocations de la crise des réfugiés que nous refusons d’accueillir et de l’holocauste, sans dénaturer le texte et sans faute de goût. Décors et couleurs servent aussi le propos sans jamais le dévoyer. Daniele Rustioni, à la direction de l’orchestre de l’opéra de Lyon a bien servi cette musique, sans exagérer les passages quelque peu « pompiers » de la partition. Une excellente soirée qui reflète tout la qualité et l’intérêt de la programmation de l’opéra de Lyon depuis plusieurs années.